L’entretien en travail social : Les techniques qui font la différence, à la lumière de Carl Rogers

Dans le cadre du travail social, l’entretien est un outil fondamental pour accompagner les bénéficiaires vers un changement durable. Que vous travailliez avec des familles en difficulté, des jeunes en rupture scolaire ou des personnes en situation de précarité, les techniques d’entretien permettent d’établir un cadre bienveillant et respectueux, tout en renforçant l’autonomie des personnes accompagnées. Parmi ces techniques, l’entretien motivationnel se distingue par son efficacité à guider le bénéficiaire dans son processus de changement. Ce modèle, inspiré par les principes de Carl Rogers, encourage une posture non-directive et empathique de la part de l’intervenant.

La base : l’écoute active et l’empathie

Carl Rogers, père de l’approche centrée sur la personne, place l’empathie, l’authenticité et le respect au cœur de la relation d’aide. Selon lui, pour que le changement puisse advenir, il faut d’abord que la personne se sente comprise, écoutée et non jugée. En tant qu’assistant social, il s’agit donc de créer un espace où le bénéficiaire peut s’exprimer librement sur ses doutes, ses craintes et ses résistances.

L’écoute active est une première technique indispensable dans cette démarche. Elle ne consiste pas simplement à entendre, mais à comprendre profondément ce que l’autre vit. Cela peut passer par des reformulations (« Si je comprends bien, vous ressentez… ») ou des questions ouvertes qui invitent le bénéficiaire à explorer ses émotions.

L’entretien motivationnel : un outil stratégique

L’entretien motivationnel (EM), qui s’inscrit pleinement dans la lignée des travaux de Carl Rogers, est une technique particulièrement adaptée au travail social. Il repose sur le postulat que la motivation au changement ne peut être imposée de l’extérieur, mais doit émaner de la personne elle-même. L’EM aide ainsi à lever les résistances et à faire émerger une dynamique de changement intrinsèque.

Voici quelques principes clés de l’entretien motivationnel que vous pouvez intégrer dans vos pratiques d’entretien :

1. Exprimer l’empathie : Comme dans l’approche rogerienne, il est essentiel de comprendre et valider les émotions du bénéficiaire. Cela renforce l’alliance entre l’intervenant et le bénéficiaire, facilitant ainsi le dialogue.
2. Développer la divergence : L’idée est d’aider la personne à prendre conscience du décalage entre sa situation actuelle et ses objectifs de vie. Il ne s’agit pas de confronter, mais d’amener subtilement la personne à reconnaître les incohérences et à envisager des solutions.
3. Éviter la confrontation directe : Face à une résistance ou à une croyance limitante, l’entretien motivationnel préconise d’éviter la confrontation. En tant qu’assistant social, il est préférable de valoriser l’autonomie et les capacités de la personne à trouver ses propres réponses.
4. Soutenir l’autonomie : L’objectif est de renforcer la capacité de la personne à prendre des décisions en valorisant ses choix et ses ressources. Le bénéficiaire devient alors acteur de son propre changement, ce qui est une étape clé pour garantir la durabilité des résultats.

Entre posture et pratique : l’art de guider sans diriger

L’un des défis majeurs dans l’accompagnement social est de trouver l’équilibre entre le soutien et l’autonomie du bénéficiaire. L’approche de Carl Rogers et l’entretien motivationnel offrent une boussole précieuse pour y parvenir. En adoptant une posture de guide plutôt que de directeur, vous soutenez les personnes dans leur propre réflexion et cheminement.

En tant qu’assistant social, vous êtes souvent confronté à des situations où les personnes expriment des croyances erronées ou des blocages profonds. L’art de l’entretien, c’est justement de ne pas brusquer ces résistances, mais de les transformer en leviers de changement. Vous devenez alors un facilitateur de sens, en aidant le bénéficiaire à retrouver sa propre motivation pour aller de l’avant.